CHORÉGRAPHIE FRACTALE

Infini au Carré

« Infini au Carré » 2000 - Jean-Claude Meynard

Deux lieux à Évreux se répondent pour mettre en scène l’œuvres de Jean-Claude Meynard. Le regard est piégé, l’imaginaire aussi qui entreprend une exploration visuelle et spatiale nouvelle grâce à une scénographie ludique.

Jean-Claude Meynard interroge la géométrie fractale depuis plusieurs années. Il n’est pas nécessaire de connaître les données scientifiques d’une théorie physico-mathématique née des recherches effectuées par le mathématicien Benoît Mandelbrot, dès les années 1960, et publiées en 1975 dans son livre “Les Objets fractals”, pour entrer dans le monde illusoire et bien réel cependant de l’artiste.

Il s’y réfère cependant et revendique une pensée, elle aussi mise en forme avec le “Manifeste fractaliste” publié en 1997 (Art Press n° 229) cosigné par des artistes membre du groupe fractaliste accompagné d’un texte d’Henri-François Debailleux.
Voilà pour l’histoire

Ecce Homo

« Ecce Homo IV » 1995 - Jean-Claude Meynard

L’aventure menée par Jean-Claude Meynard ne laisse pas de poursuivre ses investigations poétiques révélées par la mise en espace de cette double exposition.
Une œuvres proliférante, née du chaos d’où part toute création. Nous-mêmes sommes invités à suivre ce chemin labyrinthique à partir d’une proposition plastique initiale. Tout part de la série “Puzzle” de 1993, suivie par celle de “Ecce Homo” de 1995. La Genèse est ici prise comme métaphore d’un monde en devenir, en constant changement où joue l’alternative du vide et du plein, du visible et de ce qui se crée.
Les éléments construits interviennent dans une composition bientôt soumise au jeu virtuel du numérique. Sous la pression d’une fragmentation géométrique, les images entreprennent un jeu linéaire vertigineux. Plis et spirales, flux linéaires, droites et diagonales, enroulements, déclinent des figures dans une chorégraphie qui creuse le support, le dilate, renvoie à l’extérieur un champ dans lequel nous entrons. Ces figures provoquent une géométrie qui aurait grisé Vinci. Des dessins, matrices études/temps des œuvress, rythment l’accrochage.

Identité

« Identité » 2001 - Jean-Claude Meynard

L’espace-temps est celui du rêve, de l’imaginaire. Théâtralisés, l’espace formel et l’espace réel se conjuguent. Nous sommes happés par ces visions qui nous font circuler à l’intérieur des formes et des structures. Nous nous déplaçons dans l’espace du tableau en relisant notre propre espace. Les effets d’optique convoquent la couleur, déclinée à son tour.

Toutes les illusions perpétrées par la peinture sont ici mises en abîme, sans la renier, au contraire. Une interrogation surgit celle des certitudes. L’ensemble “ Plongeurs, Nageurs “ de 1997 met en action l’idée de miroir. La perspective est à son tour prise en otage comme sur “ Identité ” et “Meta” de 2005.

Le corps se prête à toutes les variations fractales et finit dans une arborescence qui est une pure poésie. Les mathématiques ont rejoint un imaginaire poétique qui perpétue une fascination autant visuelle que mentale. A nous de trouver l’itinéraire du rêve.

Lydia Harambourg - mai 2005