LA GÉOMÉTRIE DES ÉNIGMES

Babel, la géométrie des énigmes

« Babel, la géométrie des énigmes » Villa Tamaris 2010 - Jean-Claude Meynard

L’œuvre de Jean-Claude Meynard a évolué de l’hyperréalisme à la géométrie fractale.
Avec une centaine d’œuvres datées de 1970 à aujourd’hui, l’exposition propose un parcours original. La proximité d’œuvres réalisées à plusieurs années d’intervalle met en résonance une démarche plastique enracinée dans la complexité du réel et la difficulté à le représenter.

Ses premières peintures hyperréalistes (1974-1976) revendiquent l’illusionnisme: Brasserie ou Gare relèvent de la narration et de l’image peinte avec un goût des détails en phase avec la dénonciation de la société de consommation. Dans cet univers impeccable, la place de l’être humain semble déplacée. Elle revient en force à la fin des années 1970 chez Meynard qui s’interroge sur la réintégration de sa présence et son impact sur notre perception.
Cette Géométrie des énigmes (1976-1980) ne cesse de brouiller les pistes du lisible. L’énigme du reflet, du flou, du dédoublement ou encore de la dérive formelle entraîne la rupture avec le récit. Tout devient de plus en plus improbable et la figure humaine insaisissable engendre une Géographie des corps (1980-1992). La séparation de la couleur et du tracé lève une vision passagère, précaire.
La silhouette n’a plus que des allures fuyantes que seules retiennent les touches dans un espace flottant.

La « dimension fractale de l’homme » s’articule à partir de réseaux linéaires et d’architectures en prolifération. Ces investigations infinies s’enracinent dans un champ poétique dont Meynard explore tous les arcanes. Le premier est offert par la série «Puzzle» de 1993. L’année suivante, il fonde le groupe fractal avec Jean-Paul Agosti et Carlos Ginzburg. Le principe de la fragmentation géométrique élit comme matrice un élément qui se dissémine à des échelles différentes jusqu’à parvenir à un tout. Le réel se prête au jeu virtuel du numérique. L’espace-temps se confond avec le rêve et l’imaginaire.

En 2006, Meynard adapte le mythe de Babel. Sa tour dessine des silhouettes humaines en mouvement, des marcheurs qui semblent être les signes d’une écriture ayant supplanté les langues, aussi diverses que les graphies arborescentes qui submergent la surface de la toile. Les calculs mathématiques se fondent dans une pure poésie. L’artiste nous ouvre des pistes pour nous faire vivre à notre tour un rêve éblouissant.

« Extrait de l’article de Lydia Harambourg sur le parcours de JC Meynard, Gazette de l’Hôtel Drouot - 01 octobre 2010 »